D'un artiste double - tant par les techniques que par le " message " - on ne peut parler que par oxymore. Rudesse et tendresse sont deux pôles parmi d'autres de son oeuvre. Tantôt il éclabousse avec violence, laisse la tache aléatoire dire l'urgence du sujet ; tantôt il caresse en demi-teintes très pensées des paysages bien réels qui se font rêveries lumineuses ou sombres.
Nous devons, devant ses oeuvres, remarquer et admirer la virtuosité protéiforme de ses démarches plastiques ; une entrevue avec l'artiste m'a laissé deviner la complexité de ses alchimies ... Ces photos sont-elles des peintures déguisées ?
L'effet final est d'une si subtile ambigüité que nous nous interrogeons toujours plus avant sur la pertinence du cloisonnement des
moyens d'expression dont il abolit les frontières. La grande liberté qui émane de l'oeuvre de François Sternicha tient pour beaucoup à cette faculté de brouiller ou d'effacer les limites plastiques pour mieux laisser circuler la poésie et nous laisser nous l'approprier.
François Sternicha nous rappelle que l'artiste est d'abord victime, puis
maître-organisateur de la confusion, du doute, et que son but est avant
tout de pousser le spectateur à douter de lui-même, à renoncer à prendre
la réalité comme l'art pour des domaines où règneraient d'improbables
certitudes.
A nous de le suivre dans sa démarche, où il se rend coupable, avec
volupté, de détournement de moyens d'expression pour mieux éveiller en
nous étonnement et admiration.
Pierre Delvincourt
J'ai la joie d'être son ami.
Cela me donne le privilège de vous le décrire
C'est un grand artiste.
Il voit le monde avant sa mise en place habituelle, il jette son oeil et en ramène des assemblages neufs, inattendus.
Son âme est perméable à des connotations, des points d'orgue, non connus.
Il nous découvre un monde et nous le fait partager.
Il vous montre photos et reproductions avec le coeur qui bat. Car elles ne sont pas naïves.
On appelle ça volontiers des " techniques mixtes ".
Cette appellation est barbare pour définir une sensibilité aussi délicate, faite d'amour, de désir
et de voyance.
C'est le comble du désir que de communiquer la sensibilité du monde;
quand il y arrive, il rayonne, il royaume.
Le fait de voir le procédé technique rajoute à notre admiration et à notre jouissance.
Ce sont des abîmes, des correspondances inhabituelles, des transgressions sans y toucher.
C'est le souffle du désir, et désir qui grandit d'un abîme que rien n'autorise,
sauf la sensibilité du résultat.
Je veux ici lui dire toute mon admiration.
Quand il jette un oeil, ce n'est jamais à perte, c'est toujours au profit de la vie
et de la joie de vivre, et de l'amour des êtres, et de la vibration des objets.
Pierre Debauche